L'OLIVIER EST NOTRE PASSION

samedi 17 janvier 2015

Récolte 2014, l'Oléiculture Française face à ses Paradoxes!!!




15 janvier 2015

    La récolte 2014 nous parait déjà bien loin, comme un cauchemar, un mauvais souvenir que l'on veut très vite oublier!
Maintenant que l'émotion première est passée, que la pilule est avalée, il est temps d'analyser à froid les raisons de cet échec.
Que dire de cette campagne 2014, on en a déjà tant dit! Certains l'ont qualifiée d'historique, d'autres ont annoncés la fin de la filière.
    Il faut que cette saison avortée s'avère d'une façon ou d'une autre utile, et comme pour tous les échecs de la vie, il nous faut en tirer des enseignements et surtout regarder la réalité en face, ouvrir grand les yeux sur la réalité de l'Oléiculture Française.

Mais tout d'abord que s'est-il passé, pour en arriver là ???

LA MOUCHE SEULE RESPONSABLE? 



    Des concordances climatiques exceptionnelles, je n'ose parler de dérèglement, mais c'est peut-être bien le cas, ont permis un développement sans précédent de la Mouche de l'Olive. Car c'est bien elle, la seule et unique responsable de cette catastrophe annoncée.
    Plus qu'un hiver doux qui n'aurait pas détruit les pupes, "larves de la mouche qui passent l'hiver dans le sol", c'est un été particulièrement frais et humide qui à favorisé ce développement exponentiel du ravageur. En effet dans notre bassin de production toujours très exposé à cet insecte et subissant rarement des températures très basses l'hiver, nous connaissons régulièrement des saisons sans présence de mouche et cependant avec des hivers très doux. En outre les réserves en larves étaient particulièrement basses au printemps ( absence quasi totale de mouche en 2013).
    Tout s'est donc joué en été!!! Cet été, s'il y en a eu un, particulièrement frais et humide, a été le catalyseur de la multiplication de ce maudit insecte. En effet, depuis que j'effectue des comptages de la mouche de l'olive, je me suis aperçu que l'élément déclencheur d'une forte présence du ravageur est une pluie mi-juillet,  suivie immédiatement d'un rafraichissement, le plus souvent un coup de mistral qui de empêche aussi toute intervention dans les vergers. Dès la première semaine de juillet on détectait un premier vol important, et sur mon Blog je tirais déjà la sonnette d'alarme.
     Pour bien comprendre le phénomène auquel nous avons été confrontés, il faut savoir qu'une mouche pond au cours de sa vie environ 400 œufs, donnant naissance à une nouvelle génération 4 semaines plus tard. Si rien ne vient interrompre ces cycles, on se retrouve au mois d'octobre avec des "nuées" de ravageurs.
Le seul facteur naturel qui peut enrayer ce développement exponentiel est une élévation des températures vers une canicule(t >30°c), bloquant ainsi la reproduction. Bien au contraire nous avons vu défiler les épisodes orageux avec des températures toujours très fraîches pour la saison.
Et bien sûr, comme un malheur n'arrive jamais seul, les cécidomyies sont entrées dans la course. Cet insecte est un prédateur de l’œuf de mouche, tant mieux me direz vous ! Et bien non, car la cécydomyie en piquant l'olive, juste derrière la mouche, introduit en même temps un champignon, le Camarosporium dalmaticum pour les intimes, qui va nécroser le fruit.


DES TRAITEMENTS INEFFICACES ???

   Alors me direz vous, si l'on s'attendait à ces attaques, pourquoi ne pas avoir tenté de se défendre, ou si on l'a fait, pourquoi cela n'a pas fonctionné.

Plusieurs cas de figures menant tous au même résultat, la perte de la récolte, sont à analyser:

§-Démobilisation

    En effet après 2 belles années ou même sans aucune intervention dans les vergers il était possible d'avoir une bonne récolte, on a eu tendance à oublier que la mouche existait. D'où des traitement moins bien ciblés, et des périodes sans couverture qui se sont avérés rédhibitoires à une bonne protection des fruits.

§-Des Petits Producteurs désarmés

    Depuis la mise en place du "Certi-Phyto", et donc l’impossibilité d'avoir accès à la gamme PRO, les petits producteurs, qui souvent représentent  bien plus de 50% des olives récoltées, se trouvent biens démunis. Absurdité de la réglementation, car il leur est même refusé l'achat de mouillants Biologiques à base de résine de pin, mais aussi parfois celui d'argile.

§-Les limites des traitements à l'argile


    Les pluies régulières pendant tout l'été, lessivant les feuillages, ont contraint les producteurs à renouveler encore et encore les applications d'argile après chacune de ces intempéries, jusqu'à 8 fois sur toute la période. Ceux qui ont tenu bon, ont eu des résultats tout à fait satisfaisants, mais beaucoup ont baissé les bras faute de temps et compte tenu aussi du cout de chacune de ces interventions.

§-La Limitation du nombre d'application pour les insecticides

    Certes c'est une bonne chose, mais dans le cadre strict de la réglementation il est difficile de se protéger efficacement durant toute la période.
A ce sujet il me faut dénoncer une hypocrisie générale autour du nombre de traitements. Pensez vous sérieusement que celui qui a des impératifs économiques allant jusqu'à la survie de son entreprise prendra le risque de perdre sa récolte en respectant la réglementation? Tout le monde le sait mais personne ne le dit ouvertement!!!

§-La période des vendanges

    Un moment clé dans la lutte contre la mouche, est le mois de septembre,  période des vendanges ou les viticulteurs ont tendance à négliger les traitements faute de temps. Un défaut de couverture à cette période signifie une perte quasi totale de la récolte.

BREF!

Des producteurs démotivés , des ateliers de transformations au bord de la faillite, des investissements reportés aux calendes grecques.  Certains envisagent même la vente des vergers et la reconversion.

ALORS QUE FAIRE POUR QUE CECI NE SE REPRODUISE PLUS?

Je vais peut-être vous décevoir, mais en l'état actuel pas grand chose!!!

En ce qui  concerne les petits producteurs

    Pour faciliter l'accès aux produits phytosanitaire l'interprofession suggère la demande d'un N° de SIRET, inscription à la MSA comme agriculteur, puis inscription au stage de certification pour l'utilisation des produits phytosanitaires. Un doux rêve, trop complexe, voir trop risqué, et pourtant c'est pour ces "petits", qui représentent la majorité des apports, qu'il est impératifs de trouver un solution SIMPLE!

Pour les professionnels

Obtenir la possibilité d'augmenter officiellement le nombre d'applications en cas de crise.


EN CONCLUSION

Cette récolte catastrophique aura eu au moins le mérite de remettre l’Oléiculture Française à sa vrai place, c'est à dire celle d'une activité annexe dans la majorité des cas. Beaucoup de producteurs, à l'heure actuelle, s'orientent vers une diversification.
Pour les ateliers de transformation cette année pose clairement le problème de leur survie! Pour maintenir un niveau de grande qualité, ils doivent faire face à des couts de fonctionnement importants (nous sommes en France!). Il devraient être aidés plutôt que surtaxés, à moins que l'on désire que les "petits " qui sont aussi les plus fragiles, disparaissent. La qualité passe aussi par la multiplicité de l'offre!
    Enfin pour noircir un peu plus le tableau, nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle année sans. L'année 2014 n'était pas un année d'alternance et qui nous dit que l'été 2015 ne sera pas un nouvel été pourri, sans parler de l’œil de paon qui à largement " fait son nid" lors de cet automne doux et humide. La situation sera alors bien plus problématique.

    Pour terminer, tout de même sur une note positive, souhaitons que 2014 ait été une année hors normes.Le secteur oléicole à subi depuis des siècles bien des coups durs, mais s'est toujours relevé.
Alors attelons nous dès aujourd'hui à l'entretien de nos vergers, positivons, et surtout persévérons dans notre passion commune, qui en vaut largement la peine!